Aimé Césaire; Discours sur la colonialisme



Introduction
Les grandes puissances européennes prennent la relève des explorateurs et aventuriers puis s’engagent dans la « course au drapeau » à partir de 1870. C’est dans cette perspective qu’au congrès de Berlin en 1885, l’Afrique noire considérée comme une terre sans maitre fait l’objet d’un partage. La colonisation française se fit sur le principe d’assimilation. Avec un tel principe, les nègres francophones sentent le besoin de montrer ce qu’ils sont, l’idée de prendre en charge leur négritude ou que leurs cultures ont été niées. En abondant dans le même sens, Aimé Césaire, grand auteur de cette époque écrira une œuvre intitulée Discours sur le colonialisme. Qui est-il ? De quoi parle son œuvre ? Quels sont les thèmes évoqués ? Quels intérêts pouvons-nous garder de cette œuvre ? Notre travail consistera à étudier de fond en comble, l’homme et son œuvre.

I-                   Aimé Césaire : L’Homme et l’œuvre
1-      Biographie
Né à Basse-Pointe en Martinique le 26 juin 1913, notre auteur a pour vrai nom Aimé Ferdinand David Césaire. A la fois poète, biographe, dramaturge et essayiste, il est aussi un grand écrivain et homme politique français. Il visite le Salon littéraire de Paulette Nardal et entre en contact avec étudiants africains où il fonda en 1934 le journal « l’Etudiant Noir » avec la connaissance de Léopold Sédar Senghor après ses brillantes études et plein de succès. Aimé Césaire  nom figurant sur ses œuvres, il reproche l’oppression culturelle de la colonisation ; ce qui l’amène à écrire à partir de 1936 et conçoit la notion de ̏ Négritude ̋. Tout en luttant contre l’essai d’assimilation culturelle de la France, l’auteur promeut la civilisation africaine, victime du racisme né du système colonial. Il a pour imagination un humaniste laborieux et concret qui protège tous les opprimés du globe : « Je suis de la race de ceux qu’on opprime » affirmait-il. Par sa pensée et ses écrits, il influence des intellectuels africains et noirs américains dans leur bataille contre la colonisation et l’anatopisme. Il fut parlementaire puis meurt de Fort-de-France jusqu’en 2001. Il abandonna la vie politique en 2005. Malgré que la mort n’a aucun pouvoir sur l’amour, ce géant africain, ce génie littéraire, ce grand lutteur rendit l’âme et fut honoré par des obsèques nationales à Fort-de-France en présence du Président.

2-      Bibliographie
Aimé Césaire a écrit :

·         Cahier d’un retour au pays natal (1939)
·         Les armes miraculeuses (1946)
·         Soleil cou coupé (1947)
·         Esclavage et colonisation (1948)
·         Corps perdu (1950)
·         Discours sur le colonialisme (1950)
·         Ferrements (1960), poèmes
·         Une saison au Congo (1966), théâtre
·         Moi, laminaire (1982), poésie
·         Discours sur la négritude (1987)
·         La poésie (1994), compilation de toute poésie d’Aimé Césaire
·         Une tempête
·         Et si les Chiens se taisaient, tragédie
·         Toussaint l’ouverture.


II-                Discours sur le colonialisme : Résumé
Le Discours sur le colonialisme est un pamphlet d’Aimé Césaire rendu public pour la première fois par Réclame, maison d’Edition liée au parti communiste français, le 7 juin 1950, avant de donner une nouvelle édition conforme à la présence africaine le 11 juillet 2000. Dans cet essai anticolonialiste, Césaire annonce avec force le colonialisme à un moment de l’histoire où la décolonisation française n’est pas encore beaucoup avancée et où le communisme monte grandement en puissance. Césaire se présente ainsi comme un réquisitoire, un procès fait à l’Europe coloniale. L’auteur fait le procès du continent européen au nom de ses propres principes. Il critique avec vigueur les arguments qu’évoque la bourgeoisie d’omettre son rôle d’oppression et de justifier ses actes ses actes répréhensifs pour des raisonnements nébuleux. Il compare également les motivations du capitalisme et en déduit que la loi du plus fort, du plus puissant lui donne un droit sur le peuple jugé inférieur. Césaire dénonce l’aberration qui consiste à avancer cette théorie que certains peuples ont besoin d’être dominés pour être guidés. Il met en semblable le colonialisme au nazisme (p.14-17). Il relève les ravages culturels produits par la colonisation. Celle-ci a entrainé la dévastation de trésors architecturaux, artistiques et culinaires. Césaire développe l’idée de la force d’une culture et fait l’éloge de la mixité des peuples et considère en conclusion que l’espoir de refus et de la fin de la colonisation dans la volonté du Noir de se soulever.

III-             Les grands thèmes de l’œuvre
Dans son Discours sur le colonialisme, Aimé Césaire aborde plusieurs thèmes dont les plus importants sont les suivants :

1-      Négritude et Identité
Césaire a commencé d’abord à montrer que l’Afrique à travers l’Occident a participé à la destruction des belles civilisations africaines qui empruntaient leur bon chemin. Prenons l’exemple de la civilisation Bantou et Aztèque (p. 44-45) pour ensuite sensibiliser les Africains noirs tout en évitant une prise de conscience et accepter d’être nègre qui fait de lui-même une personne digne.

2-      Le racisme
Aimé Césaire critique avec un ton polémique le racisme. L’auteur fait la comparaison entre les noirs et les juifs qui sont sous la domination du joug colonial, et à la manière d’Hitler, n’étaient condamnés aux travaux forcés et qui s’étaient soumis à la torture en un même mot à la mort. C’est à travers cette haine pour l’autre et du Noir pour le Blanc que Césaire n’a cessé de dénoncer cette pratique (p.12-17).

3-      La civilisation
A la page 7-8, Aimé Césaire son discours par la notion de civilisation. L’auteur appelle à l’enracinement dans le sol natal des valeurs autochtones et incite ses frères noirs à la recherche de leur identité nègre, il s’agit bien sûr de la civilisation africaine chamboulée engloutie par celle du monde occidental. Césaire questionne le lecteur sur ce qu’est la civilisation, etc. Il bannit cette conception occidentale de singulariser la civilisation ; selon Césaire, toutes les civilisations se valent et s’équivalent.

4-      La colonisation
La colonisation est le thème central qui anime l’œuvre de Césaire. En effet, l’auteur dénonce avec détermination la violence, l’esclavage, la cruauté qui selon lui sont à la portée de la bourgeoisie occidentale à l’endroit des africains. Il fait aussi la différence du colonialisme au nazisme qui est une forme d’oppressions et de barbarie. Il énumère l’exemple de l’Indochine et du Madagascar (p.30).

IV-             Intérêt de l’œuvre
L’œuvre  de Césaire a été écrit à l’époque où les africains étaient sous le poids de la colonisation depuis plus d’un siècle. En effet, l’œuvre dans sa totalité est aujourd’hui révolue et appartient au passé, on ne peut en dire autant du Discours sur le colonialisme. Les thèmes évoqués sont toujours d’actualité tant qu’hier qu’aujourd’hui. Il évoque des vérités sur les actes de cruauté d’exploitation, de racisme, de mépris, de pillages dénoncés par Césaire. L’Afrique à travers ses matières premières ont été toujours exploitées et continues toujours d’être exploitées par l’Occident sous d’autres formes. Dès la fin de la colonisation dans les années 60, une autre forme de coopération entre les pays africains et occidentaux diffèrent de peu à celles du temps de la colonisation elle-même. Les financiers et d’autres industriels dont parle Aimé Césaire dans le dernier paragraphe de la page 23 sont plus que jamais à l’heure actuelle. De ce fait, des prétendus hommes d’affaires, des firmes et aventuriers de l’Amérique, d’Asie, de l’Europe viennent en Afrique sous prétexte qu’ils veulent participer et investir au développement du continent. Et ces mêmes investisseurs sont en réalité des pilleurs de l’économie africaine. Et tous ont les mêmes objectifs qui sont le mépris des peuples et des noirs des pays où ils exercent leur pillage. C’est de cette manière qu’ils ont hérité de la conquête coloniale fondée sur le mépris de l’homme nègre. L’homme blanc investit des milliards afin de décupler des bénéfices et de pouvoir corrompre les hommes politiques et chefs d’Etats qui sont à la tête des Etats africains. Ces chefs d’Etats sont renversés par des coups d’Etats et même tués par des rebelles qui sont financés et armés par l’homme blanc. Les dégradations  atroces révèlent les traitements sadiques et inhumains du colon sur les africains qui sont les prisonniers indigènes. Césaire le dissimule à travers cette phrase : « Il est que nous rapportons un plein baril d’oreilles récoltés paire à paire, sur les prisonniers, amis ou ennemis ».
V-                Style de l’auteur
Son œuvre présente un ton de dispute. Césaire met automatiquement en gage une contestation sur le lien entre la colonisation et la civilisation sur un ton très attaquant. La nuance polémique de l’œuvre se translate aussi par le style de mise en relief qui amasse les conduites de discours syntactique et stylistique. Il examine et attaque son détour  ses adversaires : l’Europe qu’il juge « indéfendable » quant à son rôle joué dans la colonisation, les colonialistes de « chefs », finalement, il s’attaque à l’institution chrétienne, aux évangélisateurs et aux détenteurs du pouvoir religieux qui ont soutenu la colonisation. Quand nous prenons, par exemple la page 9 du deuxième paragraphe jusqu’à la page 10. Ce paragraphe est construit d’une seule phrase sur des comparaisons de constructions syntactiques et son unité sémiotique reposent sur des analogies amassées dans une conduite d’énumération. Ces figures comparant à tour de rôle la situation des colonisateurs et des colonialistes à « l’aventurier », aux corsaires à « épicier » à « l’armateur », des analogies auxquelles s’ajoute une incarnation diabolique de la civilisation. Toutes ces figures de style mises en relief comportent une connotation dépréciative et diminuent la situation des colonialistes de barbares, de briguant cupides attirés par l’appât gain proposé potentiellement par les pays colonisés. Notons également que le fait qu’Aimé Césaire montre la considération qu’il a pour des individus quels qu’ils soient et qu’il se veut proche d’eux en particulier des colonisés. On a aussi une argumentation persuasive fondée sur des opinions que la raison. L’utilisation du présent rend le discours plus vivant, les répétitions emphatiques de quelques erreurs comme les tueries, les tortures à l’endroit de son auditoire.

Conclusion
Au terme de notre analyse, il ressort que Césaire à travers son œuvre Discours sur lecolonialisme exprime avec virulence les actes ignobles de la colonisation. Il écrit à travers la plume à rechercher son identité qui lui permettra de s’affirmer. Césaire est l’un des auteurs qui rejetaient de la main tout ce qui venait du Blanc tout en maniant et sublimant la langue française. 
Références
-          Etudescoloniales.canalblog.com
-          Mobile.lemonde.fr/livres/articles/2008/07/19.html


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